«Cent vingt ans après sa mort, Rimbaud nous regarde enfin au fond des yeux. Et, il faut bien le dire, ses yeux bleus, «gênants à force d’être clairs », disait l’un de ses amis, dégagent une dureté de « petite frappe » ardennaise… Cette photographie inédite, que L’Express vous propose de découvrir en avant-première, est, de loin, la plus nette des cinq désormais connues du poète adulte. Elle a été récemment découverte par deux libraires parisiens, Alban Caussé et Jacques Desse, au fond d’une caisse contenant un lot de clichés ayant appartenu à Jules Suel, commerçant d’Aden qui finança les ventes d’armes de Rimbaud. Elle a été prise là-bas, entre 1880 et 1890, sur le perron de l’hôtel de l’Univers. Aucun nom ne figure au verso du cliché (9,6 x 13,6 cm), mais les recoupements méticuleux, établis par les deux libraires et le grand rimbaldien Jean-Jacques Lefrère, ne laissent guère de doute quant à l’identité de l’homme assis à droite. La pointe un peu décentrée de l’implantation capillaire, les deux méplats sous la lèvre inférieure, la petite moustache, la forme générale du visage sont comme « l’empreinte digitale » du poète, selon Lefrère. Le dernier cliché du poète, vendu en 2007, s’était envolé à 75 000 euros chez Sotheby’s…»
L’Express.fr, 14-04-2010
Commentaires